La peur au ventre : quand les troubles digestifs deviennent des phobies

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Le SII et le stress ne sont pas si éloignés. ils sont même plutôt très copains, se nourrissant l’un et l’autre au profit d’un cercle vicieux psychosomatique : le stress contribuant à aggraver les symptômes, les symptômes contribuant à générer un état anxieux. Une joyeuse pagaille qui, par ailleurs, se paie le luxe de devenir chronique s’érigeant même parfois en véritable phobie..

Si on répète comme une évidence que SII et stress sont liés, la première question est pourquoi ? Pourquoi est-on, en effet, sujet à développer des troubles de l’anxiété voire des phobies lorsque l’on est atteint du Syndrome de l’Intestin Irritable ou de troubles digestifs ?

L’AXE INTESTIN-CERVEAU

La physiologie de l’axe intestin-cerveau constitue une première source d’explication. Il y a plusieurs voies de communication entre le cerveau et les intestins avec plusieurs intervenants qui passent d’une structure à l’autre. Ce qu’il est important de retenir c’est que cette direction est bi-directionelle. L’un et l’autre influence l’autre et l’un ! La communication directionnelle de l’axe cerveau intestin fait que les symptômes du tractus digestif vont influencer les phénomènes anxieux et dépressifs (modèle bottom­up). Les douleurs chroniques, les troubles du transit sont donc à l’origine des symptômes de stress et d’anxiété. Mais le phénomène est aussi réciproque : les troubles psychologiques vont avoir un retentissement sur différents facteurs physiologiques de l’intestin tels que la motricité et la sensibilité viscérale à travers le nerf vague et le système sympathique (modèle top­down).

Mais au-delà du simple aspect physiologique, le SII et sa prise en charge suppose également de nombreux changements, souvent sources de stress et d’anxiété.

LE SII, TERRAIN DE JEU DE L’ANXIETE

  • L’inconfort des changements

Etre atteint.e du SII c’est aussi un changement de vie, parfois même un bouleversement du quotidien. La nouveauté des symptômes, la prudence des sorties, les réflexions autour des repas, la gestion des passages aux toilettes…chaque action, auparavant inconsciente ou naturelle peut devenir source de stress (et/ou d’anxiété).

L’humain est fait de routines, de rituels qui maintiennent une stabilité émotionnelle, physique et psychique. Les perturbations liées au SII viennent chambouler cet équilibre qui marchait pourtant si bien pendant tant d’années… heureusement que votre corps et votre tête réagissent à ces nouveautés peu désirées ! Si le stress et l’angoisse signalent un danger et/ou un inconfort, il sera toujours possible pour vous de rétablir le dialogue et ramener sérénité et rationalité dans votre quotidien.

  • Le regard de l’autre

N’oublions pas que le SII peut aussi modifier la sphère et les relations sociales qui sont souvent complexes. Le couple, le cercle amical, la famille peuvent donc aussi devenir plus in sécurisantes lorsque le SII se déclare et/ou les symptômes prennent place. L’isolement, le sentiment de rejet, la peur du regard de l’autre, les phobies sociales peuvent donc apparaître en plus du syndrome… et de leur lot de désagréments.

MAIS le SII est aussi une occasion de s’écouter, d’éloigner les personnes malveillantes, de prendre soin de Soi et aussi de faire partie d’une belle communauté de balloné.es !

DE L’ANXIETE A LA PHOBIE

Le SII est donc un terrain de jeu fertile pour l’anxiété qui, comme nous avons pu le voir, peut s’exprimer sous différentes formes. C’est ainsi que les patients atteints du SII développent des formes très spécifiques de phobies et de troubles anxieux.

LES PHOBIES SIMPLES

  • Apopatophobie : ou la peur d’aller à la selle. Imaginez avoir des sueurs froides, des malaises, des vertiges rien qu’à l’idée d’aller aux toilettes et de déféquer, un besoin pourtant naturel et vital. A la fois liée à la peur de la diarrhées ou des excréments en eux-mêmes (couleur, aspect, etc.), cette phobie naitrait d’expériences traumatisantes souvent traversées pendant l’enfance.
  • Coprophobie : ou la peur des excréments. Face à cette peur, le comportement d’éviction est la première réponse du patient qui développera ainsi une tendance à se retenir, à éviter d’aller aux toilettes et d’ainsi éviter tout contact avec la matière fécale. Tout comme pour les autres phobies, la confrontation à la cause de la peur peut entraîner des réactions extrêmes telles que des crises de panique, des sueurs froides, etc.
  • Algophobie : la peur de la douleur. Une peur qui entraine un cercle vicieux car, par anticipation d’une potentielle douleur, les symptômes et l’état douloureux se trouve d’autant plus fort. Une peur irrationnelle qui entraîne également des comportements d’éviction de toutes les situations qui pourraient exposer à la douleur.
  • Apopathodiaphulatophobie : la peur d’être constipé ! Une phobie qui entraîne alors des comportements parfois dangereux pour la santé (régimes alimentaires visant à accélérer le transit, prise de laxatifs, etc.)

LES PHOBIES SOCIALES

  • Parcoprésie : autrement appelé rétention fécale psychogène ou poop shaming, la parcoprésie est un trouble de l’anxiété sociale qui décrit la honte voire la phobie de se rendre aux toilettes en dehors de chez soi : entre problématique d’hygiène mais aussi d’intimité. Au-delà de ces causes qui paraissent évidentes, la parcoprésie témoigne plus encore d’un trouble d’anxiété lié à la peur de l’évaluation de l’autre ou des représailles.
  • Laxophobie : phobie très associée au Syndrome de l’Intestin Irritable, elle décrit la peur d’être pris de diarrhées en dehors de chez soi sans avoir accès à des toilettes. Ces dysfonctionnements peuvent conduire à des troubles du comportement alimentaire et à des stratégies d’évitement, vis-à-vis des situations où l’accès aux toilettes se trouve compromis. La laxophobie peut engendrer un isolement social et affectif significatif. La plupart du temps elle constitue un handicap non négligeable dans la vie professionnelle et familiale de la personne qui en est atteinte, et c’est souvent toute la sphère relationnelle qui peut s’en trouver modifiée.

PRENDRE EN CHARGE SES PHOBIES

A force d’avoir trop entendu que c’était dans notre tête, nous pourrions avoir tendance à rechigner face à l’idée de consulter un psychologue. Pourtant, la psychologie reste le meilleur moyen de prendre en charge son anxiété et ses phobies. Sous forme de thérapie longue ou brève, le psychologue peut en effet vous accompagner à identifier les causes de l’anxiété et à mieux les gérer.

Clara Berthelot, psychologue clinicienne spécialiste de lien entre anxiété et troubles digestifs.

L’hypnose peut également se montrer particulièrement intéressante afin d’aider à identifier les causes de ces peurs et à adopter un nouveau comportement face à elles.

Emmanuelle Pouzaud, hypnothérapeute

Anne-Marie Devinoy, hypnothérapeute

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